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- Hairspray, de Adam Shankman (USA, 2007)
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Où ?
Dans la grande salle du ciné-cité des Halles
Quand ?
Le week-end dernier
Avec qui ?
Ma fiancée, et un public nombreux et enthousiaste
Et alors ?
C’est sûr, ce Hairspray – adaptation d’une comédie musicale de Broadway elle-même tirée d’un… film de John Waters datant de 1988 – n’a rien de plus original sur le
papier que la plupart des autres blockbusters de l’été. Mais de temps à l’autre, la stratégie de recyclage d’Hollywood accouche de rejetons qui sortent du lot et parviennent à faire
oublier leur conception bien peu naturelle ; Hairspray est de ceux-là.
La campagne promotionnelle du film a été centrée sur le travestissement de John Travolta, qui joue la mère obèse et ne bougeant pas de sa table à repasser de l’héroïne, à tel point que l’on
pouvait craindre le film concept, qui reposerait sur une unique idée épuisée au bout de 3 scènes. Il n’en est rien, car Travolta n’est qu’un second rôle qui ne dépareille pas dans un univers
globalement délirant, à l’instar de Darry Cowl dans Pas sur la bouche d’Alain Resnais. La performance de l’acteur qui ressuscite tous les 15 ans (la dernière fois,
c’était pour Pulp fiction) est bien entendu la plus immédiatement marquante, mais Christopher Walken en mari de Travolta obsédé par sa boutique de farces et attrapes,
Michelle Pfeiffer en ex-Miss arriviste devenue mère de future Miss arriviste et l’ensemble du casting nous gratifient eux aussi de numéros délirants, sans garde-fous et mis au service du
scénario. Personne ne tire la couverture à soi, le personnage principal est joué par une inconnue de 19 ans (Nikki Blonsky) et ce sont du coup le rythme, l’humour et la bande-son – les chansons
sont toutes remarquablement emballées et emballantes – de Hairspray qui tiennent le haut de l’affiche.
Les râleurs professionnels auront beau remplir leur tâche en grognant contre l’affadissement du film par rapport à l’original, Hairspray a hérité de son ascendance un
mordant ravageur. Dans l’Amérique des années 60 dépeinte ici, tout ce qui n’est pas blanc, à la dentition parfaite et à la taille de guêpe – à commencer par les noirs et les gros – est prié de se
contenter des miettes et de ne faire aucune ombre à ceux qui remplissent les critères. Cela, non seulement le film le montre et le chante explicitement, mais il construit en plus toute son
histoire dessus. Et même si les conflits se règlent et les méchants se font punir dans un happy end aussi crédible que les prévisions de croissance de Sarkozy, le ton est réellement progressiste
: l’héroïne est grosse et l’assume de bout en bout ; tandis qu’une scène de marche pour les droits des noirs réussit soudainement, et avec succès, la transition de l’humour vers la
gravité, de l’artificialité de la comédie musicale vers le sérieux du film politiquement engagé.
Avec une telle sincérité joyeuse et sans artifice, pas étonnant que le bouche-à-oreille tourne à plein régime (par exemple via ce billet), permettant au film de rafler la mise aux États-Unis (100
millions de $) et d’être en en passe de faire une sympathique carrière en France (plus de 200 000 entrées en 1ère semaine).