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- Fair play, de Lionel Bailliu (France, 2006)
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Il n’y avait pas encore eu de critique assassine sur ce blog ; Fair play a donc l’honneur (?) d’ouvrir le bal. Je l’avais raté lors de son passage en salles en septembre dernier, ce qui semble maintenant avoir été un mal pour un bien : j’ai en effet pu passer en accéléré certains passages, et aller faire d’autres choses chez moi tout en laissant le film tourner. 2 activités peu brillantes mais qui avaient le mérite d’être autant de soupapes pour faire baisser l’énervement généré par la médiocrité de ce qui occupait mon écran.
Dès la 1ère scène, Fair play s’annonce mal : Jérémie Rénier joue pour la énième fois son rôle de jeune-débutant-naïf-mais-qui-peut-s’énerver, et en face de lui Benoît Magimel est affublé d’une perruque ridicule. À mesure que le film avance, on comprend que tous les personnages sont écrits comme des caricatures ; c’est un choix. Mais ce choix, en plus de rendre catastrophiques les interprétations des acteurs moyens (Rénier, Mélanie Doutey, Éric Savin – seuls Magimel et Marion Cotillard s’en sortent), est complètement incompatible avec la volonté de Bailliu de faire passer un message sérieux et évolué sur la violence des relations de travail.
À la base de Fair play, il y a un court-métrage réalisé par Lionel Bailliu intitulé Squash. D’après ce que j’ai pu lire, ce court a été repris presque à l’identique dans la 2è séquence de Fair play, et décrit une partie de squash entre un patron et un employé qui se disent leurs 4 vérités et règlent leurs comptes dans une ambiance de plus en plus violente. Ça, c’est sur le papier ; à l’écran, par la faute de dialogues plats et beaucoup trop explicites et d’une mise en scène sans idées, le suspense et le malaise sont aux abonnés absents. Du coup, la scène se réduit à un vulgaire (c’est le cas de le dire) concours de bites, chaque adversaire tentant tour à tour d’humilier l’autre physiquement ou psychologiquement sans qu’on en ait quoique ce soit à faire.
Artificialité des dialogues et anonymat de la mise en scène sont les 2 constantes du film. Comme ce dernier est de par son concept répétitif – les relations tendues et violentes dans le monde du travail sont montrées via des saynètes situées dans le cadre sportif –, le désastre est logiquement au bout du chemin. Du très, très long chemin, symbolisé par une interminable descente en canyoning (40 minutes) dénuée de toute progression dramatique de l’histoire ou des personnages. Ces derniers restent unidimensionnels jusqu’au bout, tandis que le scénario juxtapose les péripéties sans qu’elles aient une quelconque influence les unes sur les autres. Une sorte d’anti-Hitchcock, en quelque sorte.