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- Dans la vallée d’Elah, de Paul Haggis (USA, 2007)
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Où ?
Au 5 Caumartin, dans la grande salle
Quand ?
Dimanche midi
Avec qui ?
Ma fiancée, et une quinzaine de personnes dans la salle
Et alors ?
Grosse déception, accentuée par le véritable coup de maître qu’était Collision, le 1er film de Paul Haggis. Après son Oscar du meilleur film, ce dernier a dû se sentir
investi d’une mission, participer à son tour à ouvrir les yeux de l’Amérique sur le désastre de l’Irak. Pour y parvenir, il a retenu une bonne idée de départ : s’immerger complètement chez
les républicains du fin fond des USA, qui ne vivent que par et pour l’armée, cette force inaltérable au service des idéaux du pays. Malheureusement, cette bonne idée ne débouche que sur un gros
ratage dans la méthode autant que dans le fond.
La méthode : une enquête poussive (sur la mort mystérieuse d’un jeune soldat tout juste revenu du conflit), domaine dans lequel Haggis a visiblement encore beaucoup à apprendre. Une fois qu’il a
reproduit à l’identique sa séquence fondatrice de Collision (une scène de crime au bord d’une route, dans la nuit et la brume, pour un résultat toujours aussi beau), il
enchaîne les poncifs et raccourcis les plus insupportables du genre policier – fausses pistes, indices-clés et renversements d’intrigue se voient venir à des kilomètres de distance. Plus grave,
il semble incapable d’écrire des personnages « neutres », non impliqués intimement dans l’intrigue : il n’y en avait aucun dans Collision, et tous ceux
présents ici autour de Tommy Lee Jones (qui lui est parfait) sont ratés. Susan Sarandon, Charlize Theron en font entre autres les frais avec des rôles sans substance.
Le fond : Haggis ne traite que bien trop partiellement son sujet. Les points qui fâchent (justification de l’intervention en Irak, responsabilités au sein de la chaîne de commandement – en bref,
remise en cause de la politique US et du fonctionnement de l’armée) sont évités, pour se concentrer sur un pathos rassembleur : nos enfants envoyés en Irak nous sont revenus fous. Et ? Et c’est
tout, car Dans la vallée d’Elah ne présente aucune ouverture ni vers un mea culpa, une reconnaissance de la faute du pays à l’égard de ses enfants ; ni vers une
réaffirmation solennelle et convaincante du besoin d’espérance et de communauté auquel les USA et leurs habitants tentent de répondre. Entre le constat de la déliquescence de ces valeurs (version
Un crime dans la tête), et l’envie de croire envers et contre tout en elles (version Voyage au bout de l’enfer, d’ailleurs maladroitement pompé
pour la séquence finale), Haggis ne choisit pas. Il a du coup réalisé un film à l’opposé de son précédent : frileux et sans profondeur.