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Trois des grands films américains du début d’année 2008 sont récemment sortis en DVD zone 2 : Into the wild, No country for old men et There will be
blood. Tous trois sont accompagnés de suppléments d’une durée marginale, moins de 3/4 d’heure à chaque fois (même si ces modules sont regroupés sur un second disque pour Into the
wild et There will be blood, afin de préserver une bonne qualité visuelle malgré la durée des deux films). Les éditions de Into the wild et de No
country for old men sont très décevantes, car elles se fondent sans regret dans le moule lénifiant et vidé de toute information des suppléments commis à la chaîne à Hollywood. Les
aspects dérangeants, et donc intéressants, des deux œuvres (voir mes critiques ici et là) sont
complètement éludés au profit d’explications purement pratiques ayant trait à la mise en scène des séquences d’action, et de longues litanies de remerciements aux participants du projet, tous
formidables. Les Coen semblent visiblement mal à l’aise avec ce genre de lobotomie : ils sont très peu présents dans les différents modules, et à chaque fois le regard fixé sur leurs
chaussures et lâchant à voix basse des phrases lapidaires. A l’opposé, voir Sean Penn aussi à l’aise dans l’exercice indispose, par rapport à l’image que l’on se fait du cinéaste et surtout au
violent plaidoyer anti-standardisation qu’est Into the wild.
Le seul à avoir poursuivi dans ses bonus la voie ouverte par son film est donc Paul Thomas Anderson. En plus de trois scènes coupées dont une surtout (« La pêche ») vaut le
détour, le DVD de There will be blood propose deux documentaires muets, collages de photos et de
vidéos du début du XXè siècle donnant des pistes quant à la genèse du film. Sans plus de matériau de base ou de temps passé à les faire, ces modules ridiculisent ceux des deux autres films sur
tous les plans : informations sur le film, intérêt propre, dialogue avec l’intelligence du spectateur. Et l’idée de les accompagner tous les deux de la musique composée par Johnny Greenwood
pour le film est un coup de génie : elle donne au sujet du long-métrage la même portée épique qu’au long-métrage lui-même, et légitime a posteriori la démarche de Paul Thomas Anderson.