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- Aprile, de Nanni Moretti (Italie, 1998)
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Où ?
Quand ?
Le week-end dernier
Avec qui ?
Ma fiancée
Et alors ?
La cohérence de l’œuvre de Nanni Moretti impressionne. Aprile possède en effet de nombreuses passerelles qui le rattachent à la fois au film précédent du réalisateur,
Journal intime, et aux 2 qui ont suivi depuis – La chambre du fils et Le caïman. Comme Journal
intime, Aprile tire sa forme d’un genre essentiellement littéraire, l’autofiction. Moretti met en scène sa vie, intime (la cellule familiale, les loisirs)
autant que citoyenne – son regard sur l’évolution politique de son pays est le fil rouge de l’histoire. Loin d’être un simple recyclage du précédent, Aprile représente
une véritable évolution : plus personnel, plus décousu, mais surtout plus courageux puisque le cinéaste s’y met véritablement à nu, sans se grimer en héros de fiction comme dans
Journal intime.
Le film est la conséquence de 2 électrochocs intervenus au même moment dans la vie de Moretti : la naissance de son premier enfant, et l’irruption de Silvio Berlusconi dans le jeu politique
italien. Moretti a l’honnêteté d’admettre qu’il ne sait comment traiter en cinéaste ces 2 événements majeurs, et leurs corollaires délicats (comment être un bon père ? comment être un
citoyen de gauche aujourd’hui ? en bref, comment réussir sa vie ?), sans les déprécier. Il se met du coup à filmer ses indécisions et questionnements d’homme imparfait, ce qui donne au
filmun ton touchant et plein de charme. Aprile est une musique légère, une douce brise, qui vole de scène courte en scène courte – Moretti se connaît à la perfection, il
n’a donc pas besoin de 3 heures pour faire dire ce qu’il souhaite à son personnage. Il est aussi quelqu’un d’équilibré, son récit l’est donc également : parfois grave lorsque ressurgit son
dilemme entre plaisir égoïste (la réalisation d’une comédie musicale) et devoir écrasant (un projet de documentaire de société engagé), mais le plus souvent drôle. Avec un humour que Moretti dose
subtilement entre le rire avec lui – les préparatifs de l’arrivée du bébé – et le rire à ses dépends – en particulier concernant son indécrottable lâcheté au moment de se confronter à des leaders
de droite.
Le projet de documentaire était d’ailleurs le véritable point de départ d’Aprile. En réduisant son champ d’étude à lui-même, Moretti est parvenu à ses fins : il
nous livre sa vérité, modeste mais précieuse, et toujours d’actualité (la France de 2007 ressemble étrangement à cette Italie du milieu des années 90). Le film a dû être très marquant pour
Moretti lui-même, puisqu’il continue à vivre dans ses projets suivants. La chambre du fils poursuit la réflexion sur la vie de père, cette fois-ci en anticipant un
possible drame familial ; et Le caïman déploie des techniques semblables (utilisation d’images d’archives, film dans le film pour conclure le récit) autour du même
dilemme politique – comment combattre la droite dure ? Mais sans le contrepoint joyeux de la paternité, Moretti semble dans ce dernier film à court d’inspiration et d’énergie. Ou alors
est-ce la situation qui s’est trop dégradée pour lui, comme tendrait à l’indiquer la différence d’attitude du cinéaste-acteur dans les derniers plans des 2 longs-métrages.
Enfin, je précise que le DVD zone 2 d’Aprile contient des analyses de séquences (4 en tout) qui signalent d’autres points communs revenant de film en film chez Moretti.