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- Whatever works, de Woody Allen (USA, 2009)
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Où ?
À l’UGC Danton (le cinéma le plus proche d’une bouche de métro, et sur une ligne qui m’amène directement chez moi en prime), dans la très belle grande salle
Quand ?
Samedi après-midi, à l’heure du goûter
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Démarrée en fanfare (le chef d’œuvre Match point) et achevée en vulgaire circuit touristique (le barbant Vicky Cristina Barcelona), la parenthèse européenne de
Woody Allen laisse avec Whatever works la place à un retour aux sources new-yorkaises. Un retour essentiellement géographique, les centres d’intérêt du cinéaste étant du genre
immuables quelque soit le côté de l’Atlantique où il se trouve : les relations amoureuses entre individus que rien ne destine à se mettre ensemble, les clashs socioculturels entre esprits de
droite (riches, bornés, coincés, aigris) et de gauche (bohèmes, cultivés, libertins, le plus souvent enjoués mais des fois aigris eux aussi), l’humour grinçant sous la double influence de la
psychanalyse et de l’Holocauste, parfois drôle et parfois non en fonction de l’humeur du moment de Woody Allen.
Whatever works est un milk-shake de tout cela, avec comme centre de gravité (Note : comme tout objet physique, un milk-shake a un centre de gravité) le couple
improbable formé par Boris, physicien génial soixantenaire et misanthrope au dernier degré, et Melody, oie blanche et blonde tout juste débarquée à New York en provenance de la Bible Belt. D’inspiration vaudevillesque, Allen adjoint à ce couple central une kyrielle de
personnages secondaires – la mère et le père séparés de Melody, les amis artistes résidant à Greenwich Village de Boris – rejouant à leur tour ad libitum le jeu de séduction des
contraires qui s’attirent. Le cinéaste s’amuse énormément avec ces clichés ambulants, qu’il pousse à leur paroxysme dans une mécanique comique proche de celle de la stand up comedy ou
des sitcoms, où le but est de tirer le maximum de blagues et de bons mots à partir d’une situation donnée et extrêmement simple. Par l’accumulation des personnages et des rebondissements, Woody
Allen parvient sans mal à déployer ce principe sur ses quatre-vingt-dix minutes réglementaires. Et il nous fait rire aux éclats devant les envolées hargneuses de Boris ou la conversion au ménage
à trois de la mère de Melody, ex-catholique butée qui opère donc là un savoureux parcours inverse à celui des born again christians (lui, par exemple).
A côté de ces réjouissances, Whatever works pèche par une tendance à la leçon de vie bavarde dès qu’Allen se veut plus sérieux. Ce qui fait que ce XXè long-métrage du cinéaste
manque quelque peu sa cible, même si Allen compense de très belle manière sur d’autres plans. Fait relativement rare chez lui, la mise en scène regorge d’inspirations et de variations, dans le
choix des lieux (les balades dans Chinatown) comme dans l’utilisation de la caméra. L’idée de signifier le statut de Boris comme génie supérieur à son entourage par son rapport à cette caméra -
il est le seul à être conscient d’être dans un film, observé en permanence par des spectateurs ; donc le seul à avoir une vision « globale » du monde – est une des plus belles
trouvailles de cinéma de ces derniers temps. Autre atout notable de Whatever works, son casting générateur d’étincelles. Dans le rôle principal, Larry David (inconnu en France,
star aux USA pour avoir été le co-cerveau de Seinfeld) est jubilatoire de méchanceté assumée et balancée telle quelle à la face du monde, y compris quand il a le visage d’un
enfant de huit ans venu apprendre à jouer aux échecs. Face à lui, Evan Rachel Wood est bien plus que le sosie de Scarlett Johansson que l’affiche tente de nous vendre (alors que les
deux jeunes femmes ne se ressemblent pas du tout). Elle confirme ici, dans un rôle plus substantiel, ses qualités de finesse d’interprétation déjà aperçues dans The wrestler. La façon dont elle évolue sans à-coups de
gourde à malicieuse, de séduite à séductrice au fil du récit est une remarquable performance de comédienne.