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- Vicky Cristina Barcelona, de Woody Allen (USA, 2008)
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Où ?
Au ciné-cité les Halles, dans une salle comble (effet people dû au casting glamour du film ?)
Quand ?
Jeudi soir, à 20h30, à la descente de mon avion en provenance de Toulouse
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Dirigé par un accès de flemme assez phénoménal de la part de Woody Allen, Vicky Cristina Barcelona clôt la parenthèse européenne de celui-ci (son prochain film se déroulera aux
USA, 5 ans après qu’il en soit parti) sur un couac, doublé d’un inutile film de vacances. Woody Allen ne montre de Barcelone et d’Oviedo – où le film fait un court détour – que les lieux les plus
touristiques, avec une persistance qui laisse un arrière-goût de foutage de gueule : on a l’impression que le cinéaste nous inflige ses vidéos de vacances à Barcelone, semblables à celles
des millions d’autres visiteurs de la Sagrada Familia et des autres réalisations de Gaudi.
Impression confortée par l’inintérêt général du film, qui reste scotché du début à la fin au ras des pâquerettes, celles-là même où végètent volontiers les productions télévisuelles formatées
pour le prime-time. Les grandes phrases creuses sur l’amour et les individus, les ersatzs de péripéties (pour comparer avec Match point : un double meurtre au fusil à pompe est
remplacé par une balle de pistolet qui frôle un poignet ; les ébats torrides des deux amants par des gros plans sur des visages qui s’embrassent), l’inévitable et insupportable voix-off qui
remplace tout effort dans les dialogues et les images, et même un hideux ralenti « sentimental » trônent en bonne place dans ce cahier des charges auto-infligé, et tellement éloigné de
la finesse d’écriture habituelle du cinéaste. Lequel avait visiblement de grandes ambitions dramatiques – la boucle faite entre l’introduction et l’épilogue l’indique clairement – mais les réduit
à une bouillie terne et soporifique. Incapable de gérer le nombre imposant de protagonistes de son récit (une dizaine, qui partent et reviennent de façon totalement anarchique), Woody Allen ne
parvient de plus à mettre dans leur bouche que des monologues psychologiques interminables – et improbables dans la vraie vie. Pour la première fois, un film de Woody Allen n’est ni drôle ni
tragique : il n’est rien.
Vicky Cristina Barcelona semble pouvoir un instant prendre de la hauteur, lorsque la blonde Cristina du titre (Scarlett Johansson) s’installe en ménage à trois avec un couple de
peintres vibrants et exaltés, Juan Antonio (Javier Bardem) et Maria Elena (Penelope Cruz). Mais non, de même que les pulsions adultérines de la brune Vicky (Rebecca Hall), le lesbianisme et
l’amour libre sont rabaissés au rang de sujets racoleurs pour magazine en mal d’audience, avec un traitement aussi superficiel. Il y avait pourtant une bonne idée dans cet amour ne pouvant
fonctionner qu’à trois – idée dont Christophe Honoré a d’ailleurs tiré tout récemment un magnifique film avec Les chansons d’amour. Quant au Woody Allen, la carrière passée – et sûrement à venir, espérons-le – de ce
dernier mérite que l’on creuse un peu plus au-delà de la paresse pour trouver une explication au désastre. Car même les films feignants de Allen ont leurs moments mémorables – mais pas ici. Une
hypothèse serait que, même si son but est d’exprimer son mépris à leur égard, le simple fait que le cinéaste pointe sa caméra sur des personnages aussi ternes, quelconques et dénués d’histoires à
raconter rend l’éventualité d’un film réussi inaccessible. La dernière (et unique ?) fois que Woody Allen avait évoqué les républicains engoncés dans leurs certitudes, c’était pour une blague
éclair et potache dans Tout le monde dit I love you. Leur offrir une plus large exposition lui a été fatal.