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- Trop loin pour toi, de Nanette Burstein (USA, 2010)
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Où ?
Au ciné-cité les Halles
Quand ?
Dimanche matin, à 11h
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Si le cinéma doit mourir un jour, le dernier film à être réalisé sera certainement une comédie romantique tant le genre dispose d’une popularité sans égale. Il serait alors bienvenu que cette der
des ders soit du niveau de Trop loin pour toi, auquel il est difficile de trouver de réels défauts sans enclencher le mode mauvaise foi. Car si c’est un film qui
n’invente rien, c’est aussi et surtout un film qui fait tout très bien et très intelligemment, à l’image de son générique d’ouverture animé tout à fait enthousiasmant. Le scénario de
Trop loin pour toi est construit comme un morceau de rap, avec son thème propre – une relation amoureuse à distance, lui à New York et elle à San Francisco – posé sur un
sample récupéré ailleurs : dans le cas présent dans le En cloque mode d’emploi de Judd Apatow, dont l’on retrouve assez fidèlement les modèles de
personnages secondaires entourant chacun des deux premiers rôles. Côté lui, Garrett – Justin Long, deux copains adulescents célibataires, avec pour centres d’intérêts principaux – voire exclusifs
– le cul et les blagues potaches. Côté elle, Erin – Drew Barrymore, une grande sœur caricaturalement stressée et coincée qui gère en despote son foyer-témoin (comme il existe des maisons-témoins)
composé d’un mari désabusé et d’une fille surexcitée.
Les deux environnements sont suffisamment riches en gags potentiels pour permettre à Trop loin pour toi d’en inventer des qui n’appartiennent qu’à lui : la
moustache « time machine », le colocataire qui fait le DJ des ébats des héros, le décalage entre la pudibonderie de la grande sœur et l’hypersexualité de Erin et Garrett. La
liberté de ton et la confiance démontrées par le film sur ce sujet précis du sexe sont ses principaux atouts – c’est simple, on est aux antipodes du cauchemardesque American
trip. Heureusement, car l’éloignement physique entre les personnages fait de la frustration sexuelle et de l’envie impérieuse de baiser les deux points majeurs de leur
relation, avant toute autre considération. La formule trouvée par Trop loin pour toi a tout du candidat au prix Nobel de la comédie romantique émancipée ; il s’agit
de combiner la franchise Apatow-esque du traitement du versant masculin de l’affaire, et l’actrice américaine qui est probablement à la fois la plus drôle et la plus délurée aujourd’hui, Drew
Barrymore. Sa performance dans son ensemble est irrésistible, et certaines de ses répliques (« shut up and lick », « a tip of your penis ? ») sont tout
simplement géniales.
Il y a quand même une vie autour du sexe, et celle du couple de Trop loin pour toi s’attache notre sympathie. La crédibilité des différents éléments de leur quotidien,
des petits détails aux grandes aventures, est bien au-dessus de la moyenne des comédies hollywoodiennes, et rend Erin et Garrett vraisemblables, proches même, comme s’il s’agissait de nous-mêmes
ou de gens de notre entourage. Le film n’est jamais dans l’exagération comique, pour s’assurer des rires réguliers, ou tragique, pour renforcer la gravité des embûches que ses héros doivent
surmonter. Il se maintient dans son état d’équilibre rare et précieux, y compris quand il s’aventure dans une délicate expérience de sexe au téléphone ou bifurque vers l’inévitable rupture de
l’avant-dernier acte. On est conquis du début à la fin.