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- Ridicule, de Patrice Leconte (France, 1996)
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Où ?
A la maison, en double DVD.
Quand ?
Samedi dernier
Avec qui ?
Ma femme, qui ne l’avait jamais vu
Et alors ?
Impressionnant succès critique (4 César, une nomination à l’Oscar du meilleur film étranger et l’ouverture du Festival de Cannes) et public (2,5 millions d’entrées), Ridicule
bénéficie du traitement classique pour les films américains ayant un tel destin doré : une édition DVD collector quelques années plus tard. Comme, par le jeu des fusions et autres rachats de
catalogues, le film est édité par la filiale d’un grand studio hollywoodien (Universal), il n’y a pas de quoi être surpris. Pour cette même raison, il n’y a rien de réellement étonnant à ce que
Ridicule soit accompagné sur le 2è disque d’un making-of reprenant les codes des documentaires retraçant l’histoire des films « patrimoniaux » d’Hollywood, la plupart du
temps signés par le français Laurent Bouzereau. La « patte » Bouzereau, recopiée avec succès ici, c’est la présence de nombreux intervenants, une longue liste de thèmes abordés – en
profondeur s’ils en valent la peine – et une durée conséquente, autour de l’heure.
Ce dernier aspect n’est pas le plus convaincant : 30 à 40 minutes auraient sûrement suffi à couvrir aussi bien l’envers du décor du film. Mais en matière de cinéphilie abondance de biens ne
nuit jamais vraiment, et cet étalement quelque peu exagéré ne gâche en rien le plaisir d’écouter…
– Rémi Waterhouse, le scénariste, expliquer comment il a accepté d’abandonner son désir de mettre en scène son script. Aucun producteur n’était prêt à mettre de l’argent sur son nom inconnu ;
alors que celui de Patrice Leconte leur suffisait… même si ce dernier n’avait jamais de sa carrière fait un film en costumes et requérant une telle logistique
– Charles Berling raconter sa 1ère expérience majeure au ciné, à propos de laquelle il laisse d’ailleurs entendre qu’il a accepté ce rôle plus pour le coup d’accélérateur qu’il pouvait offrir -
et a offert – à sa carrière que pour son intérêt profond
– Antoine Duhamel et Christian Gasc, moins polémiques (le mot est un peu fort), entrer dans les détails de leur participation au projet respectivement en tant que compositeur et costumier. Le 1er
précise ses choix de thèmes musicaux, le second de couleurs et de formes ; dans les 2 cas, la discussion débouche sur une véritable leçon de cinéma, qui prend le temps d’aller au fond des choses
sur des aspects à la fois accessoires et primordiaux de la réalisation d’un film
Enfin, pour conclure en beauté, la dernière partie du making-of qui est consacrée aux succès multiples du film trouve le juste équilibre entre satisfaction et humilité.
Et le film alors ? Il est correct mais sans plus. Avec une ironie certaine par rapport à ce que nous raconte le documentaire, c’est principalement la mise en scène de Leconte qui peine à
mettre en valeur le scénario de Waterhouse. Celui-ci parvient à concilier avec un brio certain la grande (la cour de Versailles sous Louis XVI, avec ses nobles aisés et complètement coupés du
peuple mais que l’esprit des Lumières vient peu à peu importuner dans leur confort égoïste) et les petites – de cœur, de désir physique – histoires sans trop sacrifier la complexité de la 1ère ni
des secondes. Les personnages sont adultes, changeants, solidement écrits et servis par une belle brochette d’acteurs – Bernard Giraudeau, Fanny Ardant, Jean Rochefort et autres, le plus souvent
à contre-emploi, entourent le héros campé par Charles Berling.
Le fil directeur du récit, qui permet d’échapper au portrait de groupe et d’époque sans rythme ni accroche et qui donne son titre au film, est particulièrement bien trouvé. Ni film de cape et
d’épée ni œuvre imposante traitant d’un événement historique clé, Ridicule préfère aux duels armés ou politiques les joutes verbales, qui font et défont les réputations à partir
de simples bons mots spirituels et réparties ravageuses. Cela confère au film une indéniable spécificité, sur laquelle Patrice Leconte ne réussit à surfer qu’à moitié. L’idée centrale sur
laquelle il base sa mise en scène est un principe négatif : ne pas suivre à la lettre les codes du genre de la reconstitution historique. Cette démarche a assurément son efficacité, par
exemple dans la lumière ou le tempo du montage qui sont très proches de ceux que l’on trouve dans des longs-métrages situés dans un environnement contemporain. Mais elle ne confère pas pour
autant au film une identité forte, singulière. Il manque l’étincelle, le déclic indéfinissable qui fait les grandes œuvres. Du coup, et malgré ses nombreux atouts, Ridicule ne
décolle jamais vraiment, et reste bloqué dans un état quelque peu anonyme, passe-partout ; plaisant, pas ridicule, mais pas marquant non plus.