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- Ninja assassin, de James McTeigue (USA, 2009)
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Où ?
A l’UGC Orient-Express bien sûr, comme pour tout film abandonné par son distributeur
Quand ?
Lundi soir
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Ninja assassin est un film baroque, décousu, bordélique en diable. Mais une telle absence de rigueur et de logique n’a jamais été un écueil éliminatoire pour une série B d’action.
Elle aurait même plutôt l’effet contraire, en amplifiant le côté « plaisir coupable » de la chose. Ninja assassin en est assurément un, de plaisir coupable, tant il est
un pur one night stand, une gâterie sans cervelle et sans propos. Ici la vacuité du récit est presque élevée au rang d’art, avec un script sans queue ni tête, sans enjeux nets, qui
s’étale horizontalement (une démultiplication des personnages, des fils directeurs) pour masquer une incapacité – ou un refus – à aller de l’avant en approfondissant une piste nette. Rien de ce
qui est mis en place en termes d’enchaînements ou de conflits ne tient la route. Absolument toutes les situations sortent de nulle part ; le choix de Berlin comme lieu principal de
l’histoire, par exemple. Et logiquement, la fin se retrouve sans rien à conclure. Ce degré de laisser-aller évoque les « scénarios » bâclés à la va-vite pour emballer les jeux vidéo
old school, et fait que la précarité des dialogues et des jeux d’acteurs gêne finalement moins qu’elle ne le devrait. Elle s’intègre si bien à l’ensemble…
Il y a quand même de vraies raisons de prendre du plaisir devant Ninja assassin. En deux mots : les combats. Ceux-ci se taillent la part du lion au sein du film (logique :
moins de scénario à raconter, c’est moins de scènes d’exposition nécessaires pour le raconter). Ils partent d’un concept simple – la supériorité absolue des ninjas, qui les rend invincibles
et même invisibles aux yeux des humains lambda. Le réalisateur James McTeigue gère impeccablement le passage de l’un à l’autre des deux niveaux de perception que sont celui des non-ninjas
embarqués dans des luttes qui les dépassent, et celui des ninjas qui s’affrontent entre eux. Le premier niveau est extrêmement parcellaire : on ne perçoit que des ombres, des mouvements
discontinus, et les séquelles d’assauts trop rapides pour nous (principalement des membres tranchés et des geysers de sang). Le deuxième niveau est omniscient, on y voit les mêmes genres de
déplacements dans leur intégralité et leur complexité – même si ça va toujours très vite. La fusion permanente, selon la jurisprudence Time and Tide, de prises de vue réelles et d’images de synthèse
pour la représentation des ninjas et de leurs attaques permet au film d’être à la hauteur de ses ambitions visuelles ; et de nous en mettre plein la vue comme peu d’autres récemment.
McTeigue, qui était franchement à la peine dans les eaux politiquement et moralement troubles de V pour Vendetta (et qui du coup en massacrait l’adaptation ciné), se révèle
beaucoup plus à l’aise face à ce genre de défi purement plastique, qui vit et meurt par l’image sans se soucier du texte. Il prend de toute évidence son pied à imaginer des installations aussi
artificielles que superbes – tel combat en intérieur dans une pénombre rougeoyante, tel autre la nuit sur le toit d’un gratte-ciel surplombant la mégalopole… à chaque fois avec des justifications
du même acabit que les plans de coupe, chez Tarantino, de
personnages éteignant sans raison la lumière. Le summum est atteint pour le face-à-face final que McTeigue souhaitait voir se dérouler dans un dojo en flammes. La manière d’y parvenir est
éminemment risible (un assaut militaire sorti de nulle part contre le dit dojo, avec hélicoptères et lance-roquettes), mais le résultat est rien moins que sublime. Après tout, a-t-on réellement
besoin de crédibilité quand on a la beauté ?