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- Looking for Eric, de Ken Loach (Angleterre, 2009)
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Où ?
Au 5 Caumartin, dans la toute petite salle
Quand ?
Dimanche midi
Avec qui ?
Mes parents
Et alors ?
Éric Cantona a beau avoir interprété de « vrais » rôles pour des réalisateurs chevronnés comme Étienne Chatillez (Le bonheur est dans le pré) ou Alain Corneau
(Le deuxième souffle – un navet certes, mais un
navet sérieux), voir son nom associé à celui de Ken Loach pour un projet en commun a immanquablement quelque chose d’incongru. Pour répondre favorablement à l’initiative de l’ex-footballeur
français, et arriver à faire avec lui un film réussi, Loach et son scénariste Paul Laverty ont pris la décision la plus intelligente en même temps que la plus audacieuse : adapter leur
univers à Cantona, plutôt que de se lancer dans l’hypothétique entreprise de faire rentrer le mythe Cantona dans leur moule social et hautement vindicatif. Et, comme pour appliquer à lui-même ce
que Canto tente d’inculquer au héros de son film (Steve Evets), prénommé Eric comme lui, la prise de risque de Loach s’avère couronnée de succès.
Bien sûr, un film de Loach reste un film de Loach. Eric et ses potes ne sont pas de fringants traders trentenaires de la City, mais des postiers de la prolétaire Manchester, cinquantenaires et
depuis longtemps hors de forme. Après avoir misérablement abandonné l’amour de sa vie à vingt-et-un ans avec un bébé sur les bras, Eric a une seconde fois raté sa vie de famille, avec un divorce
le laissant seul aux prises avec deux garçons adolescents sur le point de mal tourner. Que vient faire Cantona dans cette galère ? Il apparaît tel un fantôme à son homonyme, lorsque celui-ci
se fume un joint, et est fidèle aux différentes facettes de son image publique : footballeur de génie (Eric et Ken Loach se repassant ses plus belles actions), et philosophe impénétrable,
qui abreuve le héros d’aphorismes en franglais dignes successeurs de sa saillie mythique sur les mouettes et les chalutiers.
En ouvrant son univers au fantastique, le réalisateur crée un appel d’air dans lequel s’engouffrent d’autres éléments de cinéma habituellement écartés chez lui – humour sans arrière-pensée,
digressions, flashbacks. Ceux-ci contribuent à composer un récit versatile, dilettante, bien loin des démonstrations révoltées dans le fond et d’un didactisme verrouillé sur la forme qui sont la
marque de fabrique de Loach. Looking for Eric est dès lors forcément moins frappant que les plus belles réussites du cinéaste (Sweet sixteen, Le vent se
lève) ; mais ses intentions minorées et son caractère débonnaire le rendent moins décevant que ses œuvres plus bancales, telles que Riff-Raff ou It’s a free world. Le pamphlet contre les dérives du
foot-business,
ici évoquées sur une note anecdotique au détour d’une ou deux scènes, attendra. Looking for Eric a pour unique ambition de nous conduire à sa séquence finale, réjouissant
happening à la Génération précaire contre la demeure d’un chef de gang local. Le plaisir
malicieux et décomplexé que procure cette conclusion suffit amplement à nous combler.