- Accueil
- Dans les salles
- Cinéastes
- Pas morts
- Vivants
- Abdellatif Kechiche
- Arnaud Desplechin
- Brian de Palma
- Christophe Honoré
- Christopher Nolan
- Clint Eastwood
- Coen brothers
- Darren Aronofsky
- David Fincher
- David Lynch
- Francis Ford Coppola
- Gaspar Noé
- James Gray
- Johnnie To
- Manoel de Oliveira
- Martin Scorsese
- Michael Mann
- Olivier Assayas
- Paul Thomas Anderson
- Paul Verhoeven
- Quentin Tarantino
- Ridley Scott
- Robert Zemeckis
- Roman Polanski
- Steven Spielberg
- Tim Burton
- USA
- France
- Et ailleurs...
- Genre !
- A la maison
- Mais aussi
- RSS >>
- Le rideau de sucre, de Camila Guzman Urzua (France / Cuba, 2006)
Je like cet article sur les réseaux sociaux de l'internet!
Où ?
À l’Espace Saint-Michel, petit cinéma incongru à 2 salles, coincé entre la célèbre fontaine du même nom et un Gibert Jeune.
Quand ?
Lundi soir
Avec qui ?
Ma fiancée
Et alors ?
Le rideau de sucre est un court documentaire à la 1ère personne sur la révolution cubaine, de son apogée (les années 70-80) à son interminable agonie actuelle. La
réalisatrice, qui a passé son enfance sur l’île pendant les années d’abondance, retrace la grande histoire à partir de toutes petites histoires – la sienne, celles de gens qui sont partis comme
elle, et d’autres de gens qui sont restés. Vu par ce petit bout de la lunette, le sujet brûlant qu’est le Cuba de Fidel Castro est délesté des préjugés qui empêchent habituellement de l’aborder
avec sérénité, mais garde son centre de gravité : quel effet a réellement eu cette expérience sur les gens qui l’ont vécue ?
La réponse est forcément amère – après l’effondrement de l’URSS, l’illusion de l’autosuffisance est tombée d’un coup et l’île s’est trouvée démunie de tout. Mais cette amertume se transforme vite
en un sentiment plus incertain puisque les cubains, Camila Guzman Urzua en tête, ne sont pas tant énervés de la misère actuelle que mélancoliques d’avoir été brutalement extirpés de la société
coupée du monde dans laquelle ils vivaient auparavant. Bien sûr, il y avait, et il y a toujours, la dictature et ses mesures coercitives, sur lesquelles le film ne ferme pas les yeux. Mais cette
situation est intelligemment mise en balance – par les témoignages, les juxtapositions d’images du passé et du présent, des absents et des présents, et par la voix-off – avec les avantages dont
bénéficiait la population (éducation et soins gratuits, travail et subsistance garantis…) et qui lui permettaient de mener une existence non matérialiste et non égoïste. Même (surtout) ceux qui
sont partis le soulignent, et laissent entendre qu’ils sont devenus de meilleures personnes grâce au cadre dans lequel s’est déroulé leur enfance.
C’est de la même manière que Le rideau de sucre met en balance les avantages et les problèmes de l’adaptation brutale de l’île à la société mondialisée. Ainsi, la
réalisatrice ne rend pas de jugement définitif, ne cherche pas à voir le bien d’un côté et le mal de l’autre ; une attitude notable sur un tel sujet. Camila Guzman Urzua jette simplement un
regard apaisé et apaisant sur son passé personnel, et sur ce qu’aurait pu être son présent. Elle grossit de la sorte les rangs de ces cinéastes qui marquent de leur empreinte cet automne 2007 par
leur douceur et leur touchante modestie : Mia Hansen-Løve (Tout est
pardonné), Judd Apatow (En cloque, mode d’emploi),
Lee Chang-dong (Secret sunshine).