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- La soledad, de Jaime Rosales (Espagne, 2007)
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Où ?
A la maison, en DVD acheté à Séville en début d’année
Quand ?
La semaine dernière
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Vainqueur surprise des Goya – les César espagnols – au début de cette année avec 3 récompenses (meilleurs film, réalisateur et espoir masculin), La soledad va sortir en France
mercredi prochain. Ce film a peut-être marqué les esprits des votants en partie car il tranche avec les canons habituels – et un peu clichés – du cinéma espagnol : pas de gouaille, ni de soleil
ici. La soledad est tout entier un film de la capitale madrilène, cette ville perdue au milieu du haut plateau aride qui compose la majeure partie du pays ; un film de la
majorité silencieuse, à l’opposé des minorités exposées et cinégéniques que sont les catalans ou les andalous.
Cette notion de majorité est extensible : La soledad parle en réalité de la population anonyme européenne, occidentale, avec ses soucis aussi bien individuels que généraux. Les
différents personnages (le film suit 3 histoires en parallèle : une jeune mère divorcée, une fille du même âge atteinte d’un cancer, et sa sœur qui cherche à extorquer de l’argent à leur mère
pour acheter une résidence secondaire) sont confrontés à des problèmes qui nous sont familiers, qu’on les ait vécus soi-même directement ou qu’ils fassent juste partie de l’actualité qui nous
entoure au quotidien. La liste des thèmes évoqués est longue : l’exode des campagnes vers les villes pour travailler, les familles monoparentales ou recomposées, le cancer, le terrorisme,
les emplois précaires, le marché de l’immobilier à la fois critique (les prix qui grimpent) et tentateur (l’appartement de vacances rien qu’à soi)… Beaucoup de choses, et rien de très joyeux,
mais ce sont là bel et bien les sujets qui forment un ensemble cohérent et contribuent à nous définir en tant que société globalisée des pays développés.
Sans visée romanesque ni recours à l’échappatoire de la comédie sentimentale pour adulescents, Rosales ne fait que filmer son titre : la soledad, la solitude. Tout juste s’autorise-t-il
un gadget de mise en scène, sous la forme d’un recours au split-screen qui est soit trop soit pas assez présent pour qu’on en saisisse bien la finalité. A part cela, La
soledad progresse par une succession de longs plans fixes dans des décors banals et accompagnés par des dialogues épurés – ou des silences qui en disent autant. Dans ces boîtes qui nous
enferment quotidiennement (les scènes en extérieur sont rarissimes) et dont les contours sont toujours visibles à l’écran autour des personnages, les scènes font intelligemment ressortir le choix
qui nous est laissé entre parler pour ne rien dire – avec des personnes extérieures à la famille ou au 1er cercle d’amis – et assumer les frictions étouffées tant bien que mal qu’amènent les
discussions plus approfondies. Rosales observe réalité avec franchise. Dès lors, et même s’il est peut-être un peu trop austère pour son propre bien, comme un poème toujours lu sur le même ton,
son film génère un malaise qui ne semble pas surfait mais touche forcément un ou plusieurs points sensibles en nous.