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- Hôtel Woodstock, d’Ang Lee (USA, 2009)
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Où ?
Au ciné-cité les Halles
Quand ?
Vendredi soir
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Hôtel Woodstock n’est pas à proprement parler un film mauvais, mais plutôt un film raté. Il lui manque un parti pris franc qui cadrerait ses ambitions en matière
de ton et de but(s) visé(s) ; le film tel qu’il est flotte de scène en scène sans paraître suivre une idée directrice dotée d’un minimum de constance. Le choix de documenter la grande
histoire (le festival de Woodstock, pour les tête en l’air) en l’observant par le petit bout de la lorgnette (les histoires mineures de ceux et celles qui ont loué leurs hôtels et leurs terrains
aux festivaliers) n’est pas en cause : Ang Lee avait retenu cette même option pour son précédent long-métrage, Lust, caution, avec la réussite que l’on sait. Mais une différence de taille sépare ce dernier et
Hôtel Woodstock – la place donnée au développement des protagonistes du récit. Dans Lust, caution, leurs états d’âme intimes et leurs hésitations quant à où placer
leur loyauté entre quête de l’extase personnelle et sacrifice au nom d’une cause supérieure occupaient entièrement ou presque l’espace du récit. Hôtel Woodstock se place à l’exact
opposé du spectre, en donnant à voir une mise en pratique extrémiste de la primauté attribuée habituellement par le cinéma américain à l’action sur l’introspection. Il n’y a là aucune
introspection, seulement une succession ininterrompue d’actions. La psychologie des personnages est un acquis qui ne se discute pas, qui n’évolue pas, et qui n’est nullement un enjeu
(l’homosexualité du héros en est le plus flagrant exemple).
Comme la note choisie par le script est plutôt légère et frivole (aucune difficulté ne dure bien longtemps), Hôtel Woodstock s’engage très vite et très solidement sur des rails de
sitcom pépère, indolore et sans saveur. L’absence d’élan est tellement forte que les quelques tentatives d’Ang Lee pour secouer visuellement le cocotier – des split screens tout droit
recyclés de son Hulk, un trip à l’acide convenu – tombent à plat et font plus peine que plaisir à voir. C’est une des caractéristiques inaltérables du style sitcom : il n’a
pas (et n’aura jamais) besoin d’un réalisateur aux commandes, car il est pensé pour fonctionner en pilotage automatique. Puisqu’il n’est pas hilarant, et ne cherche d’ailleurs pas à l’être,
Hôtel Woodstock provoque l’ennui poli et tranquille qui est le seul horizon de ceux de son genre. Lequel ennui se double tout de même d’une certaine dose de confusion, à cause de
l’émergence ça et là de répliques et de situations sarcastiques (les liasses de dollars des promoteurs du festival qui sortent de nulle part, à la manière de la fortune de Berlusconi dans
Le caïman) voire franchement cyniques : « After all, it’s all about business ». L’épilogue du film, qui montre un personnage en abandonner un autre les
pieds dans un océan d’ordures en se gargarisant d’aller monter le concert
des Rolling Stones à Altamont (lequel signera symboliquement la fin brutale des illusions hippies), semble ne plus vouloir laisser de doute quant au jugement sévère porté a posteriori
sur cet événement que fut Woodstock. Dans ce cas, pourquoi diable avoir enrobé ce goût amer de deux heures de comédie douceâtre ?