• FlashForward fonce sur les chapeaux de roue vers son (glorieux ?) futur

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Je l’avais annoncé il y a quelque
temps
 : qu’à cela ne tienne que Fringe coule à pic à cause des boulets de fonte réactionnaire attachés à ses chevilles, j’ai dans ma manche la carte
FlashForward prête à être jouée pour occuper mes moments perdus entre deux films. La qualité de la dite carte dépasse largement toutes mes espérances, FlashForward
proposant l’un des tous meilleurs débuts de série qu’il m’a été donné de voir – pas très loin de ceux de Mad men et The wire. Et en se restreignant au créneau des séries de science-fiction, FlashForward
déborde pour le moment les mythiques Lost et
X-files, qui avaient en leur temps mis une saison (voire une saison et demie pour la première) en dents de scie avant de trouver la bonne carburation. Après, ce fut bien sûr une
toute autre histoire… et s’il est encore impossible de dire si FlashForward atteindra un niveau d’excellence comparable sur le long terme, le début donne en tout cas envie de voir
ce qu’il en sera.

FlashForward traite des conséquences d’un blackout de deux minutes et dix-sept secondes (tout ceci est très précis, comme il se doit dans une série geek) pendant lequel
tous les habitants de la planète ont perdu connaissance et ont vu ce qui leur arrivera six mois plus tard, le 29 avril 2010. Le premier bon point de la série est qu’elle n’est pas à proprement
parler centrée sur un unique personnage central, mais plutôt un groupe hétéroclite au possible : un agent du FBI ex-alcoolique qui se voit en train de boire à son bureau tandis que des commandos
prennent d’assaut l’immeuble ; sa femme chirurgien qui se voit vivre avec un autre homme ; son meilleur ami qui se voit auprès de sa fille qu’il a pourtant enterrée deux ans plus
tôt ; et encore d’autres agents fédéraux parmi lesquels une lesbienne qui se voit enceinte de cinq mois, un mort en sursis (il n’a rien vu durant son flash-forward)… Le deuxième bon point,
qui vient stimuler le premier, est que chaque nouveau personnage apporte comme il se doit avec lui son flash-forward, qu’il s’agisse d’une baby-sitter ou du Président des USA. Le bénéfice est
double : cela fait sans cesse rebondir la série, qui s’enrichit de nouvelles pièces du puzzle plutôt que de devoir approfondir toujours les mêmes au risque de les fatiguer prématurément, et
ce processus d’élargissement s’effectue avec fluidité, avec évidence, par l’exploitation d’un élément interne au scénario et non pas d’un deus ex machina externe et artificiel.

En prime, FlashForward y gagne de ne pas se limiter à un genre prédéfini. Au gré des personnages et des événements elle devient soudain une série policière, une série de
science-fiction, une série médicale, un soap-opera…. La liberté de ton et de conduite du récit du show ne manque pas de surprendre – surtout pour une série diffusée sur un grand
network (NBC), lesquels sont d’ordinaire enclins à voir dans le formatage des intrigues et le téléguidage par voix-off un prérequis indispensable à toute éventualité de succès. Le brillant
contre-exemple apporté par Lost commence peut-être à porter ses fruits… Cette multiplicité (tendant vers l’infini ?) de pistes et de futurs à dévoiler ou empêcher imprime à
chaque épisode un rythme soutenu remarquable. De plus, aucune routine ne semble devoir s’installer, ce qui signifie également que FlashForward ne se trouve pour l’instant pas
entravée par l’obligation de fournir chaque semaine des séquences obligatoires, d’action par exemple. Quand elles se produisent dans le sillage des personnages agents du FBI, ces dernières sont
le plus souvent désamorcées par un imprévu, ou traitées avec une certaine dérision – dans l’épisode 2, une poursuite à pied entre des mobil-homes et les piscines gonflables attenantes ; dans
l’épisode 5, une fusillade ayant pour accompagnement musical Like a rolling stone de Bob Dylan.

La cerise sur le gâteau, celle que l’on gobe tout de suite ou presque et qui fait saliver à l’idée du possible festin à suivre, c’est l’ambiance générale sombre à souhait. Le fait qu’un tel
blackout de deux minutes général et aussi soudain suffise à provoquer des milliers de catastrophes – crashs d’avions, carambolages sur les routes, incendies gigantesques… – et des
millions de morts (le chiffre de vingt millions est avancé) n’est heureusement pas passé sous silence, et retire dès le départ tout espoir d’un retour de la série à l’anodin. Surtout, une bonne
partie des gens sont terrifiés par leur vision ; ce qui a pour effet de placer aux commandes de FlashForward des problématiques philosophiques (je n’ai rien vu, vais-je
mourir dans les semaines qui viennent ? comment vivre ces éventuels derniers moments ?) et morales (je me suis vu ayant tué quelqu’un, comment faire pour éviter que cela ne se
produise ?). La franchise et l’ambition avec lesquelles les auteurs embrassent ces thèmes nous prend de court et nous ravit, et place d’entrée leur série à un époustouflant niveau
d’investissement émotionnel du spectateur. Entre les efforts désespérés des uns pour détourner le cours annoncé des événements – efforts qui atteignent un premier apogée dès l’épisode 7 – et la
plongée dans l’abattement des autres (la riche idée du site web alreadyghosts et des réunions secrètes de ses membres), sans compter une maîtrise toute hollywoodienne des théories du
complot et des mystères à ramifications multiples pour assurer le fonds de roulement, la panne d’inspiration ne semble pas devoir guetter FlashForward de si tôt.

Une réponse à “FlashForward fonce sur les chapeaux de roue vers son (glorieux ?) futur”

  1. la-cinephile-masquee dit :

    ce qu’on ne comprend pas toujours pas, mon bon ami, c’est pourquoi tu as espéré quelque chose de fringe. :o ) mais tout à fait d’accord avec cet article quant aux espoirs que l’humanité peut placer
    en flash forward