• Bad lieutenant, de Abel Ferrara (USA, 1992)

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Où ?

A la maison, en DVD zone 2 emprunté à un copain

 

Quand ?

Mercredi soir

 

Avec qui ?

Seul

 

Et alors ?

 

J’ai été extrêmement déçu par ce Bad lieutenant, reconnu comme étant un des sommets de la carrière du réalisateur Abel Ferrara et, dans l’absolu, un film majeur des années 1990 –
au point que l’éditeur Wild Side lui a consacré un DVD zone 2 haut de gamme (un disque supplémentaire de bonus, un livret papier consistant). Il faudra se tourner vers quelqu’un d’autre que moi
pour exprimer ce qui fait l’intérêt de ce long-métrage, qui s’est résumé à mes yeux à une interminable scène d’introduction tout juste entrecoupée de trois digressions minimalistes tenant lieu
d’intrigue.

Au cours de ces quatre-vingt minutes de présentation des personnages et des enjeux, l’antihéros et « bad lieutenant » du titre se shoote avec une grande variété de drogues, du
shit à l’héroïne ; transforme son service de flic en un droit à l’impunité, pour dealer ou tabasser des gens sans s’attirer d’ennuis ; suit à la télé ou à la radio des passages entiers de
matchs de base-ball pour lesquels il parie de grosses sommes d’argent, invariablement sur la mauvaise équipe. Tout cela en boucle, sans jamais accorder une évolution quelconque à ce personnage,
et encore moins aux seconds rôles fantomatiques qui naviguent autour de lui. Virtuellement seul sur scène pour faire son numéro, et ostensiblement livré à lui-même par son réalisateur, Harvey
Keitel cabotine sans vergogne et ôte de ce fait toute substance à son rôle.

Quant au semblant d’histoire, il se réduit donc à trois séquences dont le symbolisme est inversement proportionnel à l’application mise dans leur écriture. Une religieuse est violée dans une
église, dans une scène ayant des visées cauchemardesques (comprendre : enveloppée d’une esthétique eighties criarde, et montrant soudain Jésus pleurant
sur la croix, dans un plan édifiant). Quelques shoots et matchs de base-balle plus tard, le
bad lieutenant confronte la religieuse qui refuse de
donner les noms de ses agresseurs, des jeunes de son quartier, et oppose avec force éclats de voix
son envie opportuniste de se racheter, en punissant
violemment les violeurs,
au souci de la nonne de les pardonner. La thématique exagérément cristalline du Dieu qui absout contre le Dieu vengeur est
prolongée dans la conclusion du film, qui montre le héros privilégier à la dernière minute l’avenir des jeunes agresseurs plutôt que le sien – et encaisser stoïquement la balle prévue à son
attention, de la part de quelque dealer ou bookmaker mécontent. Mon seul sentiment à cet instant fut l’indifférence. Pour le dire succinctement : il existe largement assez de grands films sur les
questions de la vengeance et de la rédemption (
ici, pour commencer), pour laisser de côté ce mauvais
Bad lieutenant.

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