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- Arrivederci amore ciao, de Michele Soavi (Italie, 2006)
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Où ?
Chez moi, en DVD zone 2
Quand ?
Il y a une dizaine de jours (et oui, je l’ai un peu oublié au passage celui-là)
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Dans la conséquente (25 minutes) interview qu’il donne dans les bonus du DVD, Michele Soavi est un réalisateur fier de lui – il a de quoi. Il parle de son film et de ses choix de mise en scène
avec beaucoup d’aisance, de manière très déliée, libre comme le long-métrage l’est lui-même. Entre autres choses, on sent Soavi tout à fait conscient du système (encore plus perverti par la
télévision en Italie qu’en France) dans lequel il travaille, et ravi de prouver qu’il vaut mieux faire dans ces conditions un film dont l’on soit réellement satisfait tous les 10 ans, plutôt
qu’un produit rempli de compromis chaque année.
Le film : Arrivederci amore ciao, sorti en catimini au milieu de l’été 2006, est franchement à découvrir. Cet ovni passionnant, comme on en voit trop peu, mélange avec
délectation un background de polar, une construction en forme d’anti-épopée cynique et une mise en scène ne rechignant pas sur les effets horrifiques. Tout cela donne un souffle, une amoralité,
une intelligence remarquables au récit de l’ascension sans chute de Giorgio, ex-guérillero communiste gravissant un à un les échelons de la pègre italienne à mesure que celle-ci pénètre les
hautes sphères de la société civile. Arrivederci amore ciao se divise en effet en 3 parties correspondant à 3 étapes de cette corruption : d’abord des flics
complices indirects, puis mettant eux-mêmes la main à la pâte, avant que ce soit au tour des juges et des politiques de participer. Seule la 2è partie (un hold-up suivi d’un règlement de comptes)
présente un intérêt moindre.
Le reste du temps, le regard de Soavi est impitoyable, sur un monde qui se divise au fond entre bouffons damnés et victimes sacrifiées, entre addictions primaires (sexe, drogue, pouvoir, argent)
et valeurs positives exploitées et dévoyées – il en est ainsi de l’amour et de la confiance. La scission est complète, irrémédiable, et tout en étant solidement ancré dans le passé récent (le
film est daté et localisé avec précision) Soavi refuse de voir dans cette situation une réalité acquise et choisit, comme moyen de résistance, de la traiter via le filtre du genre horrifique. De
la boîte de nuit où Giorgio fait ses premiers pas de mafieux au lent et monstrueux meurtre final, la mise en scène donne ainsi à Arrivederci amore ciao juste ce qu’il
faut d’irréalisme (lumière, cadrages « extrêmes ») pour en faire un voyage dans un enfer rempli de vices séduisants puis repoussants, et non le portrait désabusé d’un pays perdu pour de
bon.
Je reviens aux bonus, avec un petit mot sur les scènes coupées, présentes en nombre mais parmi lesquelles seule la fin alternative mérite de s’y attarder. Équivalentes dans les actes, cette
conclusion et celle choisie dans le montage final représentent chacune l’aboutissement de l’un ou l’autre des 2 principes qui dirigent la mise en scène de Soavi au cours du film : symbolisme
exacerbé, ou regard neutre et glaçant sur l’Italie. En accord avec le ton général que j’ai pointé plus haut, Soavi a logiquement préféré mettre en avant la première option.