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- Shaun of the dead, de Edgar Wright (Angleterre, 2004)
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Où ?
A la maison, en DVD zone 2 accompagnant Hot fuzz dans un coffret
Quand ?
Samedi soir
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
Shaun of the dead est un film qui devrait rester dans l’histoire en raison de l’épopée que fut sa distribution en France. C’est en effet la dernière fois qu’un buzz de cette
ampleur entourant un film sur Internet resta radicalement ignoré chez nous, au point de faire croire longtemps à une sortie directe en DVD avant que la décision ne soit finalement prise de le
diffuser en salles durant l’été 2005 – quinze mois après sa sortie dans son pays d’origine, de l’autre côté de la Manche. Un laps de temps inimaginable aujourd’hui, maintenant que toutes les
sorties d’importance se font de manière quasi simultanée dans tous les principaux pays occidentaux, et qui avait à l’époque eu pour principal effet que la plus grande part de ceux qui attendaient
le film s’étaient procuré le DVD anglais pour le voir.
Ces considérations annexes mises de côté, Shaun of the dead est le coup d’essai / coup de maître du duo Edgar Wright (réalisateur) – Simon Pegg (acteur), un premier long-métrage
qui surpasse en tous points le plus récent Hot fuzz. Non pas que ce dernier soit devenu mauvais depuis cet article, mais il s’en tient principalement à dérouler une recette
comique réfléchie là où Shaun of the dead fait l’effet d’une petite bombe jetée sans calcul ni retenue. Il n’y est pas question pour les interprètes Simon Pegg et Nick Frost (et
pour les seconds rôles : le beau-père joué par Bill Nighy n’est pas drôle en soi, mais seulement dans le contexte) de jouer la comédie, mais de dérouler devant la caméra leur naturel
comique, aussi bête et commun qu’il puisse être. Cet humour naturaliste, du quotidien, est aussi celui de la bande à Apatow ou de Will Ferrell. Il consiste pour Pegg et Frost à se dépeindre tels qu’ils sont, adulescents londoniens trentenaires
vivant en coloc, coincés dans de boulots miteux, allant au pub le soir et jouant aux jeux vidéo le week-end. Pendant cette phase d’exposition, d’ailleurs étirée juste pour le plaisir,
Shaun of the dead démontre qu’il n’a même pas besoin des zombies pour faire rire aux larmes ; la sincérité et la véracité de son comique de situation et de personnages
suffit.
Plus tard, c’est l’intelligence d’une mise en scène sciemment anti-spectaculaire (avec en particulier des cadrages plus neutres et plus médians qu’ils ne le seraient dans un film de zombies
classique) qui vient appuyer le talent des comédiens pour créer un humour imprévu, franc mais jamais lourd. L’idée de génie de Wright et Pegg est en effet de ne pas avoir fait une parodie de film
de zombies, mais un vrai film de zombies – simplement incarné par des personnages un peu crétins et pas très dégourdis. Shaun of the dead traite avec respect tous les éléments sur
lesquels s’est fondé le genre (plus que Hot fuzz ne respectera le genre policier, d’ailleurs). On retrouve la progression typique contamination – course-poursuite – lutte en
huis-clos, des morts très violentes, des plans très gore (dont certains citent explicitement des images emblématiques des films de George A. Romero)… De plus, et même s’il la dilue in fine dans un semi
happy-end autant imputable au fait d’être une comédie qu’à celui de vouloir en finir au plus vite par manque de choses à dire, le film ne se détourne pas de l’inévitable plongée vers une ambiance
funeste à mesure que le récit progresse.
C’est dans les interstices entre les moments sanguinolents et/ou sordides que l’humour s’infiltre, d’un bout à l’autre, du film, comme une force désopilante irréductible venant faire contrepoids
à la noirceur de la situation. Il pourrait difficilement en être autrement, puisqu’à chaque fois qu’ils prennent une décision ou se jettent dans le feu de l’action les protagonistes sont
inévitablement ridicules à leur corps défendant. La faute aux défauts terriblement humains dont ils sont porteurs : il y a celui qui râle en permanence, celui qui ne pense qu’à s’amuser,
celle qui est totalement à côté de la plaque… et à leur tête il y a Shaun, qui mène ses troupes tel un héros de film d’action mais que la réalité rattrape sans cesse, qu’il cherche à sauter
par-dessus des palissades, à viser au fusil à pompe ou à semer une bande de morts-vivants. Avec sa description d’hommes et de femmes lambda réagissant comme ils le peuvent à un événement qui les
dépasse complètement, Shaun of the dead pourrait bien rester dans l’histoire pour une autre raison : être le film de zombies le plus réaliste en ce qui concerne les
comportements humains individuels.