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- 36 vues du Pic Saint-Loup, de Jacques Rivette (France, 2009)
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Où ?
A la maison, sur la VOD Canal+
Quand ?
Samedi soir
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
36 vues du Pic Saint-Loup est un film d’une grande simplicité narrative, à l’image de son commencement : il était une fois une voiture en panne sur le bord de route, un
homme qui s’arrête le temps d’aider la conductrice à repartir, et une seconde rencontre inopinée des deux personnages dans le village suivant. Un élément tout aussi simple donne sa tonalité à la
scène introductive, et partant de là au film dans son ensemble. L’analyse de la panne et sa réparation se font sans un mot de la part de l’homme, provoquant un effet comique inévitable. Les dés
sont jetés : l’ambiance sera légère, amusée, quels que soient les événements et souvenirs qui surgissent ou resurgissent. Cela colle bien avec la durée concise du film (1h22 – phénomène d’autant
plus remarquable qu’en cinquante ans de carrière Jacques Rivette n’a presque jamais fait moins de 2h40), ou peut-être la provoque. Les soucis se règlent probablement plus aisément quand on les
aborde de manière positive plutôt que négative.
L’homme de la première scène, Vittorio, est un étranger de passage dans les existences de Kate et de la troupe de cirque itinérant à laquelle elle appartient. Comme c’est lui qui sert d’alter ego
au spectateur, nous nous retrouvons à être nous aussi de passage ; les problèmes nous sont exposés mais jamais leur origine n’est développée en détail, qu’il s’agisse d’un trauma intime ancien
(pour Kate) ou du questionnement d’ordre professionnel qui habite les clowns du groupe au sujet d’un numéro dont la valeur humoristique est remise en question. De même, beaucoup de choses dans
les vies des membres du cirque restent de l’ordre du non-dit, enfoui dans le passé, et nous n’en voyons que les effets concrets au présent. Ce qui n’empêche pas ces hommes et ces femmes de nous
être immédiatement proches, sympathiques – comme des personnes que l’on vient à peine de rencontrer peuvent l’être alors qu’on ne sait encore rien d’eux –, grâce à la qualité de l’écriture et du
casting (André Marcon, Jacques Bonnaffé, Julie-Marie Parmentier).
36 vues du Pic Saint-Loup agit dès lors comme une petite pastille savoureuse, régénérante, d’autant plus que les décors (en extérieurs dans le Midi, l’été) et la mise en
scène (remplie de trouvailles mineures mais pleines de charme) sont au diapason de cette humeur générale. Des deux tourments graves résolus avec légèreté par Vittorio, celui traitant de l’humour
et de l’expression artistique, à travers le sketch des clowns, a le plus capté mon intérêt. Les questions qu’il soulève l’air de rien sont on ne peut plus profondes : comment ça fonctionne, les
relations entre la réalité et le spectacle, entre le public et l’artiste ? Et puis, en fait, c’est quoi être drôle ? Les différents extraits du numéro, montrés aléatoirement dans le cours du
récit, apportent des éléments de réponses par petites touches – par la pratique au quotidien et non par un cours magistral déclamé depuis une estrade. Ils nourrissent notre propre réflexion
pendant le film, et même encore après.