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- Se7en, de David Fincher (USA, 1995)
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Où ?
A la maison, en DVD zone 1 (l’une des premières éditions collector soignées jusque dans son packaging, datant de 2000)
Quand ?
Mercredi soir
Avec qui ?
Seul
Et alors ?
J’avais déjà pointé dans cet article les liens forts qui
existent entre Zodiac, le dernier film en date
de David Fincher (en attendant The curious case of Benjamin Button, prévu pour Noël aux USA et février chez nous, et dont la bande-annonce est particulièrement alléchante), et son chef-d’œuvre Fight club. Le même
exercice peut être effectué entre Zodiac et Se7en ; mais il est alors plus question de disparités que de rapprochements.
Se7en n’était que le deuxième long-métrage de Fincher – après un Alien 3 hautement dépressif et resté globalement incompris – et a fait de lui du jour au lendemain
l’un des réalisateurs les plus cotés de sa génération. Pourtant, à le revoir aujourd’hui une fois la hype dégonflée, Se7en ne s’élève pas beaucoup plus haut que la série
putassière et sans génie des Saw (dont l’on espère méchamment que le 5è épisode qui vient de sortir ne sera pas le dernier, au vu du potentiel comique des titres
« saw-six » et « saw-sept » ; mais revenons à notre sujet). Loin du vertige moral et de la dilatation temporelle au-delà des limites humaines de l’intrigue de
Zodiac, Se7en porte de bout en bout sur lui sa nature d’application scolaire d’un quelconque guide du parfait petit scénariste. Rien ne respire ici, à commencer
par la durée de l’histoire artificiellement concentrée sur sept jours, comme les sept péchés capitaux. Chaque élément du récit est une brique méticuleusement calibrée et figée pour jouer son
rôle dans la progression du film, et surtout ne rien laisser filtrer d’autre.
Chacun des membres du quatuor de personnages n’est ainsi rien de plus qu’un pantin – et un nouveau visionnage du film, une fois le twist final connu, fait cruellement apparaître les fils
qui les dirigent à leur insu. Le scénario ne cherche aucunement à nous faire partager les épreuves et souffrances des héros, ou à nous interpeler et nous déranger via les agissements de son
protagoniste diabolique ; son seul but est d’impressionner en surface, de générer du spectacle. Le personnage du tueur, interprété par un Kevin Spacey qui fait le boulot, rien de plus rien
de moins, en est la plus criante illustration. Sa construction n’est que pure poudre aux yeux, un étalage de noms qui en jettent – ses soi-disant lectures, Dante, Milton, le Marquis de Sade… -
et de mises en scènes alambiquées (les scènes de crimes, ses étagères remplies de milliers de carnets manuscrits) mais sans autre dessein que leur propre grandeur. Le Zodiac suit une trajectoire
expansionniste : c’est une présente rampante, implicite, qui se met très vite à dépasser le simple cadre corporel de son vecteur humain pour infiltrer l’ensemble du film. A l’inverse,
le John Doe de Se7en, amoncellement désordonné d’influences externes, est un trou noir pour celles-ci en les ingérant sans rien fournir en retour.
Sans rythme (on suit linéairement les deux inspecteurs joués par Morgan Freeman et Brad Pitt dans leur découverte des scènes de meurtres successives), sans ambiguïté ni digression,
Se7en suit son petit chemin ronronnant jusqu’à son idée finale dont il ne sait en définitive que faire – hormis sortir de nulle part une citation de Hemingway, dernier clou
apporté à la niche réactionnaire dans laquelle le film se love. La civilisation part à vau-l’eau, les grandes villes sont dangereuses, le Mal (personnifié en un individu pleinement haïssable et
déconnecté du reste de l’humanité, c’est plus pratique) n’attend qu’un faux pas de votre part pour s’insinuer en vous… sont autant de banalités simplistes et arriérées que Se7en
fait siennes, que ce soit par volonté ou par paresse de creuser plus avant ses concepts de base. De ce marasme vain, on peut tout de même extraire la réalisation de David Fincher qui a de toute
évidence joué un grand rôle dans la forte impression initiale laissée par le film. Le soin apporté au rendu de l’ambiance générale est épatant, grâce à une remarquable utilisation du
production design (décors, accessoires…), de la photographie et de cadrages très sobres, presque documentaires. Une époustouflante poursuite à pied vient couronner cette réussite
formelle, et constitue finalement la seule scène réellement mémorable de Se7en.