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- Les femmes de ses rêves, de Peter & Bobby Farrelly (USA, 2007)
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Où ?
Au MK2 Bibliothèque
Quand ?
Jeudi soir, à 22h
Avec qui ?
Ma femme, et mon compère de films de festivals qui n’est en fait pas qu’un compère de films de festivals (la preuve, il regarde Permis de mariage et Rush hour 3 en streaming sur Internet)
Mais quand arrive ce qui était sur le papier le 2è étage de la fusée comique attendue de la part des frères Farrelly (Lila, le coup de foudre de Ed épousée sans attendre, se révèle invivable pendant leur lune de miel au Mexique), le rire se grippe d’un coup. Loin d’être le monstre annoncé, Lila (excellente Malin Akerman, révélation du film qui chipe elle aussi pas mal de scènes par son étalage d’énergie) est plus simplement décoincée et non-conformiste : elle chante à tue-tête, montre franchement ses émotions même en public, est impliquée dans une ONG environnementale. Surtout, son principal « tort » est d’avoir un corps actif (elle pisse, elle pète), corruptible (elle attrape des coups de soleil) plutôt que figé dans une beauté artificielle, et de l’assumer dans son intégralité : elle aime baiser et être baisée, et prononce même des choses comme « mon clitoris ». Tout cela est bien sûr exagéré pour obtenir quelques effets comiques, mais ceux-ci sont étonnamment restreints ; aucun ne se transforme d’ailleurs en running gag, alors qu’il y a largement matière à. Sans appui de la part des réalisateurs, la haine que Ed ressent envers Lila se retourne contre lui et le rend de plus en plus pathétique et méprisable à mesure qu’il s’enfonce dans ses tentations adultérines, dirigées vers une fille issue de la Bible Belt, sans aspérités ni excentricités, qui semble moins disposée à bouleverser sa petite routine tiédasse de control freak.
Le paragraphe précédent est franc ? C’est parce que le film l’est aussi, au-delà de toute attente. Ben Stiller joue en réalité ici le premier rôle tragique de sa carrière, en américain moyen coincé par ses complexes et son immaturité. Les Farrelly poussent l’humiliation jusqu’à avilir physiquement le personnage, lorsqu’une série de retours de bâton le transforment en sans-papiers tentant de rentrer clandestinement aux USA : vêtements en lambeaux, barbe et cheveux hirsutes, visage à la dérive. Il se fera même battre comme un animal recroquevillé à terre, dans une scène surréaliste qui parachève le passage du film de l’autre côté du miroir, son glissement de la comédie inoffensive à la satire brutale et frontale.
Bien sûr, pour s’autoriser une telle méchanceté, les Farrelly ont dû faire des concessions. À l’instar de La guerre des mondes de Spielberg, le final des Femmes de ses rêves se voit ainsi alourdi d’un semi happy-end minimaliste et hors de propos, servant à sauver les apparences. Cette petite anicroche mise à part, la manière dont le film envoie valdinguer les codes de la comédie romantique (les 20 dernières minutes sont une épuisante course contre le cliché du triomphe-in-extremis-de-l’amour, remportée in extremis par les Farrelly) est remarquable, et rappelle le récent En cloque, mode d’emploi dans la volonté de traiter avec pragmatisme d’une relation sentimentale. Les femmes de ses rêves peut être vu comme la version pessimiste du sujet, là où En cloque… voulait croire en la possibilité d’un terrain d’entente. Cinématographiquement, les 2 points de vue sont également convaincants.