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Au ciné-cité les Halles
Quand ?
Lundi soir, à 20h30, en avant-première et en double programme avec 127 heures
Avec qui ?
MonFrère
Et alors ?
Sur le papier, Paul a tout pour faire rêver – à part sa campagne promotionnelle française catastrophique, certes, qui lui promet un destin d’anonyme vite éjecté des salles similaire à celui de son lointain ancêtre Galaxy quest. Ce qui ne fera assurément pas honneur à la somme de talents comiques rassemblée autour d’eux par le duo anglais d’acteurs-scénaristes Simon Pegg / Nick Frost, pour leur premier film à Hollywood après les brillants succès (sauf en France…) de leurs Shaun of the dead et Hot fuzz. En remplacement de leur complice Edgar Wright, parti tourner Scott Pilgrim, c’est Greg Mottola (Supergrave) qui assure la réalisation ; et qui a ramené avec lui deux des acteurs de son petit bijou Adventureland, les excellents Bill Hader et Kristen Wiig. La liste des seconds rôles comporte aussi des ex de Arrested development (Jason Bateman et Jeffrey Tambor), ou encore Sigourney Weaver. Sans compter le caméo savoureux d’un certain Steven Spielberg, qui avalise de la sorte le vibrant hommage à son œuvre – essentiellement la période Rencontres du troisième type / E.T. – qu’est au fond Paul.
La séquence est la plus inspirée du film, ce qui en désigne bien les limites. Cette comédie d’aventures / science-fiction à propos de deux nerds croisant la route d’un alien (Paul) échappé d’une base militaire américaine, et l’aidant à rejoindre son vaisseau spatial, est une – très – bonne comédie mais un film d’aventures sans éclat. Pegg et Frost ne sont pas autant à leur aise dans cette seconde voie, et s’en tiennent à l’application scolaire de recettes de base, qui ne font ni chaud ni froid. Par contre, leur verve comique a traversé l’Atlantique sans dommages. Ils sont toujours inégalables dans l’invention de gags référentiels et de clins d’œil malins mais jamais irrespectueux au genre qu’ils détournent. Les aliens et les codes de la sous-culture nerd les inspirent tout autant que les zombies et le gore. En fait, les deux compères se placent dans le haut du panier pour tous les types de gags, y compris les classiques, qu’ils savent déclencher avec une soudaineté et une force de frappe impeccables. Et leur point fort, le comique de répétition, se révèle une arme imparable pour faire monter le moteur comique du film dans les tours, et atteindre rapidement un régime de croisière soutenu qu’ils sont capables de tenir jusqu’au bout.
A coups de « Three tits ? That’s awesome », d’apnées de Paul qui lui permettent de se rendre invisible, et autres trouvailles, Pegg et Frost font donc le boulot, de stimulateurs intensifs de nos zygomatiques. En attribuant à la géniale Kristen Wiig un rôle décapant de bigote couvée par son père intégriste chrétien, et donc ignare des choses de la vie, ils lui donnent l’occasion de voler le film – et en même temps de l’enflammer. Quand elle devient « normale », le charme s’estompe quelque peu. Celui qui tire par contre son épingle du jeu en toutes circonstances, c’est Greg Mottola. Jusqu’ici catalogué comme réalisateur de comédies indie sympas et sans prétentions formelles, il ajoute à sa panoplie une maîtrise sans faille des scènes turbulentes (fusillades, explosions) et des effets spéciaux – la nature virtuelle de Paul n’entrave à aucun moment le tempo des gags ou leur enchaînement. Du bon boulot, là aussi.