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- Embrasse-moi, idiot, de Billy Wilder (USA, 1964)
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Où ?
A la maison, en DVD zone 2 (le dernier du coffret de dix reçu pour Noël l’an dernier !)
Quand ?
Lundi soir
Avec qui ?
Ma femme
Et alors ?
Monté autour du duo Dean Martin (l’un des membres du Rat Pack de Sinatra & co.) – Kim Novak (pour toujours l’insaisissable blonde de Vertigo), Embrasse-moi,
idiot n’a pas l’aura d’autres films de Billy Wilder dont les acteurs sont des fidèles du cinéaste – Jack Lemmon, Shirley MacLaine (La garçonnière, Irma la Douce) – ou des stars éternelles – Marilyn
Monroe dans Certains l’aiment chaud et
Sept ans de réflexion. En matière de doigté dans l’échafaudage du scénario et d’audace dans son propos, il tient pourtant la dragée haute à plus d’un des longs-métrages cités plus
haut. Par sa folie douce, ses excentricités, son emballement que rien n’arrête, la complexité de ses ramifications et sa grivoiserie mi-joyeuse mi-grinçante, l’argument de Embrasse-moi,
idiot évoque le climat agité et le ton des pièces de Feydeau. La comparaison ne tombe pas loin de la réalité géographique des choses, puisque Wilder et son coscénariste I.A.L. Diamond
sont allés chercher une pièce italienne (L’ora della fantasia) pour servir de base à leur réjouissant délire.
Embrasse-moi, idiot fonctionne selon un principe d’inversion des rôles entre les personnages qui, de manière amusante, s’étend également à leurs interprètes. Dean Martin et Kim
Novak sont les grands noms du casting, mais leurs personnages sont en définitive des seconds rôles à la fonction scénaristique tout à fait utilitaire. L’enjeu-prétexte à résoudre en concerne
d’autres qu’eux : le couple Orville – Zelda (Ray Walston et Felicia Farr), où le premier aimerait bien devenir célèbre grâce aux chansons de variété qu’il compose sans avoir à sacrifier son
mariage dans l’affaire. Pourquoi ce risque ? Car l’opportunité unique qui se présente quand le célèbre crooner Dino (Dean Martin) passe en ville se double d’un danger majuscule puisque le
Dino en question est un coureur de jupons invétéré et apprécierait de passer du bon temps avec la belle Zelda… Sur les conseils d’un ami, Orville décide donc de remplacer pour la nuit son épouse
par une prostituée, Polly – Kim Novak (qui n’apparaît du coup que peu de temps avant la mi-film). En plus d’être reléguées au second plan, nos deux stars annoncées se voient de plus priées de
composer avec des rôles peu en phase avec leur statut, prostituée un peu ronde pour elle et caricature corrosive de soi-même pour lui. Cette autodérision qui est exigée – et obtenue – d’eux deux
participe au côté cabotin et spirituel du film.
Le scénario de Embrasse-moi, idiot suit fidèlement la recette classique et jamais mise en défaut du duo Wilder-Diamond. La première partie prend tout son temps pour fixer les
bases du récit de manière détournée, à coups de gags à fragmentation – une première explosion suivie à terme de répliques imprévisibles et pas moins hilarantes. Et quand le spectateur commence à
voir se dessiner le tableau d’ensemble et à se lancer dans des conjectures sur le point d’arrivée visé, les deux compères donnent brusquement un coup de volant nous menant droit sur une route
comprenant deux surprises de taille : cette voie est bien plus sentimentale que la première, et a été tout aussi bien préparée à notre insu. Derrière les complots alambiqués à voix basse,
derrière les pulsions primaires de jalousie ou de luxure, derrière les duperies réciproques se tisse une histoire d’amour(s) tendre, délicate, terre-à-terre à laquelle il est aussi difficile de
résister que dans La garçonnière. Un peu moins parfait que ce dernier, Embrasse-moi, idiot a tout de même son petit truc à lui qui le rend spécial : la
virtuosité avec laquelle Billy Wilder traite l’adultère et le libertinage, non pas comme quelque chose de condamnable mais au contraire de profitable et plaisant. La vision du monde est donc
adulte (rien n’est tout blanc ou tout noir), sa traduction en film est enfantine (des blagues à tout-va), et le mélange est parfait.